XVII
ASHTAVAKRA : Obtient
le fruit de la connaissance et le fruit de l’action celui qui reste
immuablement en lui-même, heureux de vivre sans le trouble de sens. ||1||
Et
jamais en ce monde, celui qui sait la vérité des choses ne subit de
blessure, car l’univers, sphère de la conscience, c’est lui seul qui
l’emplit. ||2||
Jamais
plus les objets ne captivent celui qui a trouvé en lui son repos, pas
plus que les feuilles de neem ne séduisent l’éléphant que comblent les
feuilles de sallaki. ||3||
Mais
qui n’a pas en lui les résidus de ses expériences passées, sans pour
autant désirer celles qui ne sont pas encore vécues, un tel homme, en ce
monde, est très rare à trouver. ||4||
Dans
le fleuve de l’existence certains veulent jouir des choses, d’autres se
libérer, mais n’avoir ni désir de jouir, ni désir de libération, une
telle grandeur d’esprit est réellement rare à trouver. ||5||
Destin,
richesses, désir, libération, la vie aussi bien que la mort, pour qui a
cette immensité d’esprit, avoir ou renoncer n’ont pas de raison d’être. ||6||
Il
n’éprouve pas plus de désir pour la disparition du monde qu’il n’a de
rejet pour son maintien, comme s’il avait, devant lui, l’éternité,
heureux de demeurer dans la tranquillité. ||7||
C’est
lorsque la connaissance et l’action sont une, que toute pensée
disparaît et que l’on sait agir. Voir, écouter, percevoir et sentir,
manger, tout s’accomplit dans la tranquillité. ||8||
Libre
d’objets, sa perception; spontanés, ses mouvements; et au repos, ses
sensations; ni passion, ni détachement, quand l’océan de la réalité
mouvante est un lac asséché. ||9||
On
ne dort pas plus qu’on ne veille, on ne ferme pas plus les yeux qu’on
ne les ouvre. Ah! celui dont a disparu la pensée vit dans un état
indicible. ||10||
À
tout instant il apparaît dans sa nature véritable. À tout instant, il
est un infini que rien n’affecte. Et, libre de tout passé, à tout
instant, il est libre. ||11||
Voir,
écouter, toucher, sentir, manger, prendre, parler, se mouvoir, cela se
fait sans idée de difficulté ou d’aisance. En vérité, libre est
l’immensité de l’être. ||12||
Ni
dithyrambe, ni diatribe, ni jubilation, ni colère, rien à donner, et
rien à prendre, l’être est à tout instant libre, affranchi de ses sens. ||13||
Voir
une femme énamourée ou voir la mort à sa porte ne troublent pas son
esprit. Il est dans sa nature véritable. En vérité, libre est
l’immensité de l’être. ||14||
Entre
souffrance et plaisir, entre une femme et un homme, entre succès et
échec, en vérité le sage ne fait aucune différence: en tout, son regard
reste égal. ||15||
Pas
davantage de compassion que de violence, pas plus d’humilité que de
morgue, pas plus de transports que de trouble chez l’homme en qui la
mouvance du monde s’est volatilisée. ||16||
Libre,
on ne repousse pas plus les choses qu’on ne les cherche avec avidité.
Et c’est avec une pensée libre d’attachement, sans cesse, que l’on
accueille entièrement ce qui se présente à soi. ||17||
Concentration
et dispersion, bien-être et malaise, quand notre pensée se suspend, on
ne connaît pas ces fictions, comme si l’on était dans son intégrité. ||18||
Sans
rien s’attribuer et sans être personne, sachant que rien n’existe, tout
désir disparu en soi, on accomplit l’action sans même agir. ||19||
La
confusion, l’opacité, le rêve, caractérisent la pensée. Quand on s’en
affranchit, on peut connaître pleinement une sorte d’état où la pensée
n’intervient plus. ||20||
Ainsi ont été prononcées
Les Paroles du Huit Fois Difforme - acte 17 -
d'ASHTÂVAKRA SAMHITÂ avec son élève JANAKA
à la semaine prochaine pour
Les Paroles du Huit Fois Difforme - acte 18
Les Paroles du Huit Fois Difforme - acte 18
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