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dimanche 15 janvier 2012

Tara

Joséphine vivait à Canberra et on lui avait diagnostiqué une tumeur au cerveau à l'âge de trois ans. Elle avait sept ans quand sa mère demanda à Elisabeth Tattersall comment enseigner la pratique du Phowa à une enfant qui avait fait l'expérience de tant de douleur qu'elle trouvait difficile de faire confiance. En réponse à cette demande, Elisabeth écrivit l'histoire suivante pour Joséphine. 

Chenrézig vivait dans les plus hautes montagnes du plus haut pays du monde.

L'endroit s'appelait le Tibet, et il était plein de magnifiques sommets montagneux. Son environnement riche et magique avait donné naissance à d'innombrables êtres merveilleux dont le seul souhait était d'aider les autres.  

Chenrézig avait un si grand cœur que son corps brillait de l'éclatante lumière blanche qui en émanait.  
Les rayons de lumière et d'amour jaillissaient de lui où qu'il aille, et les gens qui étaient touchés par la lumière provenant de son cœur étaient guéris, et apaisés, et consolés. 

Un jour, il pensait à la façon dont il lui serait possible d'aider encore plus d'êtres. Alors qu'il demeurait absorbé par cette pensée, quelque chose d'étrange commença à se passer. De nouveaux bras se mirent à lui pousser et, dans la main de chaque nouveau bras, il y avait un œil, et chaque œil pouvait voir la souffrance des gens dans des pays lointains, et les bras pouvaient s'allonger pour les aider.  

Très vite, Chenrézig s'aperçut qu'il avait mille nouveaux bras et mille nouveaux yeux, et avec ses mille nouveaux yeux il pouvait voir des millions d'êtres dans la douleur, et pourtant avec ses mille nouvelles mains il ne pouvait pas encore tous les aider. Quand il le réalisa, une larme jaillit dans son œil, et comme elle tombait elle devint un bel esprit d'amour, qui était venu pour l'aider à apaiser et à guérir tous les êtres qui souffraient.  

Son nom était Tara, et elle avait la beauté qui vient de la pureté absolue. Elle était complètement magique dans le sens où elle pouvait prendre toutes sortes de couleurs et de formes suivant les situations.  

Quand il lui fallait être douce et aimante, elle était blanche. Quand il lui fallait partir secourir un enfant effrayé, elle était verte, parce que le fait d'être verte avait l'étrange effet de l'aider à augmenter sa vitesse, et dans son travail pour aider le monde elle devait parcourir de grandes distances.  

Chenrézig était là au sommet des montagnes du sommet du monde, et ses mille yeux surveillaient les cités, les villes et les campagnes dans toutes les directions. Il disait à Tara où elle pourrait trouver la douleur dans le monde, et elle partait la laver avec l'amour qui venait de son cœur.  

Parfois, Tara était sur place juste à temps. Quand elle arrivait, une belle lumière qui apportait la guérison coulait d'elle comme un riche nectar étincelant. Quand la lumière touchait quelqu'un, elle faisait fondre tous ses sentiments de blessure et toutes ses pensées de tristesse et de colère. Quand les personnes étaient complètement lavées de tout leur chagrin, Tara leur montrait dans leur propre cœur un endroit qui était plein de la clarté du soleil et de la lune. C'était un endroit sûr, où Tara laissait un reflet d'elle-même, et elle enseignait aux gens comment l'appeler si jamais ils avaient encore besoin d'elle.  

Un jour elle se rendit près d'un oiseau chanteur qui s'était empalé sur une épine. 

L'épine s'était plantée droit dans la poitrine du petit oiseau qui avait laissé échapper un cri aigu. Comme Tara arrivait vers l'oiseau, il chanta son nom, et les gens qui l'entendirent s'arrêtèrent pour écouter ce beau chant. Tara vit qu'elle ne pourrait pas enlever l'épine de l'oiseau tant qu'il était encore vivant, car elle laisserait un grand trou dans sa poitrine. Cependant elle ne pouvait pas le laisser ainsi dans une telle douleur, et il continuait de l'appeler par son nom. 

Tara fit une petite place à l'intérieur de son vaste cœur et demanda à ('oiseau de laisser son corps sur l'épine et de venir vivre à l'intérieur d'elle pour passer tout son temps à aider les autres. L'oiseau s'envola et pénétra dans le cœur de Tara, et, ce faisant, il devint une partie de l'amour et de la joie de Tara. Il était en sûreté et heureux pour la première fois, et maintenant il était uni à Tara dans sa merveilleuse existence. 

Le cœur de Tara était devenu un sanctuaire pour tant de gens, d'oiseaux et d'animaux. Ils avaient laissé leur douleur et leur souffrance derrière eux et apporté le meilleur d'eux même en Tara. Quelquefois, ils se fondaient en elle et en fait devenaient une partie d'elle, et d'autres fois, ils rendaient juste visite à l'amour de Tara jusqu'à ce que leur corps soit guéri et en sécurité et qu'ils puissent y retourner. Les gens qui venaient se reposer en Tara étaient si émus par sa chaleur, sa lumière et sa paix qu'ils choisissaient de rester et de l'aider à guérir les autres. Ils devenaient une partie de l'amour qu'elle donnait, et des reflets qu'elle laissait dans le cœur des enfants effrayés et des autres êtres.  

Par le petit oiseau chanteur, Tara avait entendu parler d'une fillette dans un pays très éloigné, au-delà de l'horizon, qui avait besoin de son aide immédiatement, aussi vint-elle demander à Chenrézig s'il pouvait voir la fillette et où elle pouvait la trouver. Chenrézig scruta le monde, et trouva de nombreuses petites filles et de nombreux petits garçons dans des pays lointains. Tous avaient besoin d'aide. 

Le besoin d'aider de Tara était si fort que, alors qu'elle s'asseyait pour réfléchir profondément à la façon dont elle pourrait le faire, elle sentit une étrange sensation de fourmillement. Bientôt, au lieu d'être une seule Tara, elle devint de nombreuses Taras qui partirent dans toutes les directions pour trouver la fillette. En chemin, elles aidèrent toutes les autres personnes et tous les animaux qu'elles trouvèrent, car elles ne savaient pas comment ignorer la douleur qu'elles voyaient chez les autres. Elles n'avaient jamais appris à rejeter un être qui les appelait, parce qu'elles ne savaient pas comment , ne pas remarquer la souffrance du monde.  

Finalement, une des Taras arriva dans un grand pays d'une contrée lointaine du monde. Là, elle trouva un hôpital pour enfants, et dans cet hôpital il y avait une petite fille qui était si effrayée que le cœur de Tara devint de plus en plus grand. Elle était tellement touchée par les souffrances de l'enfant. Mais Tara était très différente de toutes les personnes que la petite fille avait l'habitude de voir. Elle ne voulait pas l'effrayer ni la bouleverser, aussi elle se rendit invisible, et s'assit sur le lit d'hôpital, et ouvrit son cœur. Du centre de  son cœur, elle envoya une douce lumière et de l'amour, qui nettoyèrent complètement la fillette. Ils coulaient avec éclat, pénétrant profondément là où la douleur était la plus grande.  

La petite fille commença à se sentir moins triste et sentit une douce flamme au-dessus de sa tête. Elle pensa qu'elle sentait quelqu'un, aussi appela-t-elle : "Qui est là ? Qui es-tu ?"  

Tara murmura doucement à son oreille qu'elle avait entendu parler de sa douleur et qu'elle avait fait le voyage depuis le Tibet pour essayer de l'aider.   

La petite fille était encore un peu méfiante et dit :

"Si tu te soucies de moi, pourquoi as-tu mis si longtemps ? Pourquoi ai-je dû souffrir pendant tant d'années ?"  

Tara expliqua :  

"Si tu m'avais appelée pour que je t'aide, j'aurais été ici immédiatement, mais tu ne connaissais pas mon nom et je ne savais pas où tu étais, et, quand je t'ai cherchée, j'ai trouvé tant d'autres êtres qui souffrent vraiment comme toi et j'ai dû les aider aussi."  

La fillette pleura à la pensée de tous les autres êtres qui souffraient comme elle. Et, bien qu'elle fut tentée d'être furieuse contre Tara d'avoir été si longue à venir, elle savait au fond d'elle-même que cela n'avait plus d'importance. Elle se permit d'être baignée dans l'amour d'or pur de Tara. Ceci la fit se sentir beaucoup mieux qu'elle ne l'avait été depuis très, très longtemps. Elle sentait la joie et le bonheur qui irradiaient de Tara.  

Elle désirait donner un cadeau à Tara, aussi lui offrit-elle le jouet qu'elle préférait par-dessus tout. C'était une poupée qu'elle adorait et qu'elle gardait précieusement. Mais Tara ne voulut pas l'accepter ! Tout ce que Tara demandait était la douleur et la souffrance de la fillette. Cela semblait une chose si horrible à  demander, mais la fillette voulait vraiment faire plaisir à Tara, aussi ferma-t-elle ses yeux et imagina-t-elle qu'elle arrachait toute la douleur, toutes les blessures et toutes les maladies qui étaient en elle et qu'elle les mettait dans un vêtement de soie brillante. Elle vit le vêtement se replier de tous les côtés et envelopper toute la maladie. Puis elle le tendit à Tara.  

Quand Tara ouvrit le paquet, elle transforma la douleur en magnifiques joyaux étincelants, et la maladie en parures brillantes qu'elle posa sur sa tête, comme une magnifique couronne royale. Elle ressemblait à une princesse enchantée. A partir de ce moment, Tara resta avec la fillette, et, chaque fois qu'une autre opération était nécessaire, ou que la douleur et des difficultés revenaient, Tara l'invitait dans son cœur pour se reposer dans son amour brillant et paisible. 

De temps en temps, Tara partait aider d'autres êtres, mais, chaque fois que la fillette l'appelait, elle était là. Même quand l'enfant ne pouvait pas la voir, elle pouvait sentir Tara dans son cœur et elle savait qu'elle ne serait plus jamais seule.   

Elle questionna Tara sur la mort, et lui demanda à quoi elle ressemblait. Tara sourit : "Tu sais ce que nous faisons avant une opération. D'abord tu m'appelles et tu me visualises au-dessus de ta tête. Puis tu sens la lumière qui vient de mon cœur comme une lumière blanche qui lave, dissout et emporte tout le chagrin et toute la peur, puis tu t'élèves pour te reposer dans mon cœur jusqu'à la fin de l'opération. Eh bien, la mort est exactement comme cela, mais, au lieu de retourner dans ton corps, simplement tu resteras dans mon cœur, aidant les autres à jamais."

Elisabeth Tattersall

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ཀརྨ་བདེ་ཆེན་ལྷ་མོནས
Pour ceux qui ont pris Refuge et ont la dévotion inébranlable,
Sur les terres bien établies de l'Équanimité toute inclusive,
Arrosées par l'eau douce de l'Amour incomparable
Poussent les fleurs de la Compassion intrépide
Abritées par la forêt rafraîchissante de la Joie
Ainsi ils peuvent contribuer au bien des êtres sensibles.

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