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vendredi 13 janvier 2012

Conseils ultimes

Conseils pour un pratiquant au moment de la mort de



 Dodroupchen Jigmé Tenpai Nyima

 

Il faudra vous préparer bien avant que la mort ne survienne. Nombreux sont les aspects à considérer mais sans trop entrer dans les détails, voici quelques conseils à appliquer lorsqu’approchera l'heure de la mort.

 

Redites-vous sans cesse :

 

« Que la mort vienne vite ou qu'elle tarde, il n'y a en fin de compte pas d'autre alternative pour moi que d'abandonner ce corps et tout ce que je possède. Il en va ainsi pour tous les êtres. »

Gardant ces pensées à l'esprit, brisez complètement les chaînes du désir et de l'attachement. Confessez toutes les actions négatives que vous avez commises dans cette vie et dans les précédentes, reconnaissez aussi que vous avez pu, consciemment ou non, transgresser ou rompre vos vœux et répétez-vous la promesse de ne plus jamais agir de cette façon à l’avenir.

 

N'ayez pas d'inquiétude ou d’appréhension au sujet de la mort. Essayez plutôt de ranimer votre courage et de cultiver un sentiment profond de joie en vous rappelant tout ce que vous avez fait de positif et de vertueux dans le passé. Sans ressentir aucune trace d'orgueil ou d'arrogance, réjouissez-vous sans cesse de vos accomplissements. Dédiez tous vos mérites et faites constamment des prières d'aspiration, afin que dans toutes vos vies futures vous soyez capable de prendre à cœur le chemin complet du véhicule suprême, avec pour guide un ami spirituel vertueux, et que les qualités telles que la foi, la diligence, la sagesse, et l’application consciencieuse soient vôtres ; en d'autres termes, souhaitez-vous les meilleures conditions intérieures comme extérieures. Priez aussi afin de ne jamais tomber sous l'influence de compagnons malfaisants ou d'émotions destructrices.

 

Les textes du Vinaya (règles de conduite monastique) expliquent que l'une des causes principales de renaissance dans une forme suprême, par exemple celle de quelqu'un qui mène une vie disciplinée en présence du Bouddha, est de faire des prières d'aspiration au moment de la mort. C'est pourquoi il est dit que « ce qui est le plus proche et le mieux connu » sera d’un pouvoir prodigieux. [1]

 

Vous devriez donner une impulsion supplémentaire à vos prières d'aspiration, en prenant un ferme engagement, tel que celui-ci :

 

« Dans toutes mes vies, je ferai tout mon possible pour m'entraîner sur le chemin de la vacuité dont l'essence même est la compassion ! » Pour mesurer l'importance de ce vœu, regardez combien il est plus efficace de se dire avec force : « Je vais me réveiller tôt le matin ! » que de faire cette simple prière d'aspiration : « Puissè-je me réveiller tôt. »

 

De plus, pour faciliter l’accomplissement de vos prières ou de vos intentions, vous relier à un être incarnant la puissance spirituelle sera profondément bénéfique. Ainsi, vous pourrez invoquer celui ou celle pour qui vous avez la plus grande dévotion ou avec qui vous avez établi le lien le plus étroit par votre pratique. Qu'il s'agisse du grand et glorieux maître d'Oddiyâna, Guru Rinpoché, ou du noble Avalokiteshvara, le Seigneur du monde, vous le prierez avec ferveur afin d’accomplir vos aspirations, avec la confiance absolue qu'il est la personnification de toutes les précieuses sources de refuge.

 

Au moment précis de la mort, il sera difficile de rassembler suffisamment vos esprits pour méditer sur quelque chose de nouveau ou d'inhabituel. C'est pourquoi vous devez choisir à l'avance une méditation appropriée et vous entraîner jusqu'à ce que cette pratique vous soit familière. Ensuite, lorsque la fin sera proche, vous vous efforcerez de dédier toutes vos pensées à la méditation, en vous remémorant le Bouddha, ou en ressentant une profonde compassion, ou bien en cultivant la vue de shûnyatâ, ou encore en vous rappelant le Dharma ou le Sangha. Et afin que cela puisse réussir, il est également important de vous entraîner auparavant à penser ainsi :

 

« À partir de maintenant et tandis que je traverserai cette période critique du moment de la mort, je ne permettrai à aucune pensée négative de pénétrer dans mon esprit. »

 

Les saints du passé avaient coutume de dire :

 

« Plutôt qu’une multitude d'activités vertueuses faites avec un esprit morne et confus, mieux vaut une seule action vertueuse quotidienne, accomplie en toute clarté d'esprit. »

 

Comme il est dit, si vous pratiquez ceci en ayant fait l’effort au préalable de développer joie et inspiration, tout n’en sera que plus efficace.

 

Même s'il est difficile aux êtres comme moi d'être source de bienfaits pour autrui, je réciterai les versets du Refuge et prierai pour que dans vos vies futures vous puissiez suivre les enseignements du Mahâyâna.

 

- Écrit par celui qu'on appelle « L’intrépide » (Jigmé).

 

 
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Traduit du tibétain en anglais par Adam Pearcy. Dédié à la mémoire de Ian Maxwell.

Source: Lotsawa House, Advice for a Dying Practitioner

 

  

[1] En clair, les pensées que nous avons juste avant la mort et celles qui sont le fruit des habitudes les mieux ancrées en nous durant la vie auront la plus grande influence sur ce qui va déterminer notre renaissance.

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