JANAKA inspiré par les paroles de son maître ASHTÂVAKRA SAMHITÂ lui indique le fuit de sa méditation :
II
JANAKA
: Rien ne m’affecte, je suis sérénité, conscience, au-delà des formes
vivantes. Si long le temps où j’ai été dupé par le voile des formes.
||1||
Moi seul rends visibles et mon corps et le monde. Pour moi, le monde est à la fois et toute chose et rien. ||2||
C’est en mourant à mon corps et au monde qu’aussitôt un étrange pouvoir me fait apercevoir la suprême conscience. ||3||
Vagues, écume ou tourbillons, tout est lié à l’eau. Ainsi de l’univers : émané de soi-même, il est lié à soi. ||4||
Un vêtement, quand on l’observe, n’est formé que de fil. Ainsi de
l’univers, quand on l’observe : il n’est tissé que de soi-même.
||5||
Le jus du sucre de canne imprègne tout entier le sucre qu’il produit.
Ainsi de l’univers : produit en moi, il est tout imprégné de moi.
||6||
C’est
de son ignorance propre que naît le monde, mais se connaître le
dissipe. Ne pas reconnaître la corde fait apparaître un serpent, qui
disparaît quand on l’a reconnue. ||7||
La vraie forme est lumière, je ne suis rien d’autre qu’elle. Et lorsqu’apparaît l’univers, c’est moi qui suis visible. ||8||
Mais l’univers fictif, l’ignorance en moi le fait surgir, comme
l’argent paraît dans la perle, le serpent dans la corde, et l’eau dans
le rayon de soleil. ||9||
Cet univers surgi de moi, en moi se résorbera comme la jarre dans
l’argile, la vague dans la mer et le bracelet dans l’or. ||10||
L’être ! Je salue en moi l’être, pour qui nulle mort n’existe, qui,
lorsque périt le monde dans sa totalité, du brin d’herbe à Brahmâ, seul
demeure. ||11||
L’être ! Je salue en moi l’être, l’être qui est unique, même s’il a un
corps. Nulle part il ne va, de nulle part il vient, mais sans cesse il
emplit l’univers. ||12||
L’être ! Je salue en moi l’être, l’être ici-bas inégalé par rien, cet
être qui soutient de tout temps l’univers, sans le contact du corps.
||13||
L’être ! Je salue en moi l’être, l’être qui ne possède rien, cet être
pour qui tout ce qui, en ce monde, est parole, est nourriture pour
l’esprit. ||14||
La connaissance, le connu, le connaisseur n’ont pas d’existence réelle.
L’ignorance les fait surgir tous trois dans l’être que rien n’affecte.
||15||
La racine du mal est la dualité. Il n’est d’autre remède que de savoir
que tout objet perçu est illusoire et que seul l’être a la saveur de la
pure conscience. ||16||
L’être est toute conscience. Mon ignorance en a construit une réplique.
Même ainsi reflété, l’être est absent de toute image. ||17||
Pour l’être n’existent ni délivrance ni prison. Dépourvue de support,
enfin l’illusion cesse. L’univers est dans l’être, sans pourtant
matériellement s’y trouver. ||18||
L’univers et le corps ne sont rien, c’est l’évidence. L’être est pure
conscience, sur quoi donc désormais divaguer ? ||19||
Corps, ciel et enfer, prison et liberté, et peur aussi, cela n’est que
fiction en vérité. Pour l’être qui est conscience, qu’y a-t-il donc à
accomplir ? ||20||
Même dans une foule immense, pour l’être qui perçoit, inexistante est
la dualité, qui semble alors une forêt. À quoi pourrait s’arrêter l’être
? ||21||
L’être n’est pas le corps, le corps n’appartient pas à l’être. Je ne suis pas celui qui vit, je ne suis que conscience. ||22||
En moi qui suis insondable océan, quand le vent de la pensée souffle, il se produit aussitôt des vagues d’univers. ||23||
En
moi qui suis insondable océan, quand le vent de la pensée cesse, les
fondements de l’univers périssent, et sans pitié pour qui spécule. ||24||
En
moi qui suis insondable océan, les vagues de la vie naissent et se
heurtent, s’ébattent et se résorbent, par leur nature propre. ||25||
Ainsi ont été prononcées
Les Paroles du Huit Fois Difforme - acte 2 -
d'ASHTÂVAKRA SAMHITÂ avec son élève JANAKA